Je pars sans moi

Mise en scène Isabelle LafonPAR 10

avec Johanna Korthals Altes et Isabelle Lafon.

Création au Théâtre national de la Colline du 17 janvier  au 12 février 23

 

 

 

 

         Vous pensez sans doute comme moi,  que pour bien comprendre ceux qui nous parlent, il faut quitter toute impression personnelle, passer, comme on dit, dans leur peau, de façon à s’identifier avec leur individualité. Ce n’est donc plus la Mademoiselle Lafon que vous connaissez que vous allez entendre; c’est une Mademoiselle M., au point de vue de laquelle vous allez vous placer ; et qui, pour vous y aider, va vous faire son portrait moral. N’oubliez pas un instant je vous prie que c’est le votre. N’oubliez pas…

Impressions d’une hallucinée

 

 

Il y a de fort vilaines lointaines choses sur moi, qui sont vraies,  vraies,  vraies,  mais la plaine est au vent.

Marguerite Anzieu

Merci à Yanis de ce poème écrit dans un atelier d’écriture à l’hôpital de jour avec le poète Patrick Laupin, ce poème qui a donné le titre du spectacle.
Merci à Rico qui veut inlassablement m’épouser, toi qui m’appelle ma Lili, toi le « déglingué » du quartier.

Merci à Madeleine, petite fille au sourire constant, aux mots rares et à ta main dans la mienne.

Merci à toi la femme qui dans un HP  m’a montré comment il fallait jouer Roméo et Juliette.

Merci à toi femme hurlante qui dit « je tiens le monde à l’envers  pousse toi connasse »

Merci Brigitte, vieille femme qui parle aux corneilles, avec son énorme chien saint-bernard,  et dont le corps se recroqueville de plus en plus.

Merci aux groupes d’handicapés dits « mentaux et physiques » qui me permettent de me promener avec eux dans le bois de Vincennes.

Merci  à la petite fille de dos sur la photo en noir et blanc.

Merci vieil homme fou de mon cœur qui sortait tout nu  place du Colonel Fabien, tu croyais que les nazis aller revenir te chercher, tu avais gardé un regard si bon.

Merci l’amie à qui, le jour où j’ai dit que j’entendais des voix, a répondu au moins tu n’es pas seule.

Merci mille fois à toi la femme que je ne connais pas qui a écrit « Impressions d’une hallucinée »

Merci aux trotteurs du Champ de Courses de Vincennes. Surtout à « Impératrice d’elle » et à « Flamme vive ».

 

Pas merci à ceux et celles qui disent  « cela ne nous regarde pas ».

Pas merci à ceux et celles qui savent à l’avance.

Pas merci à ceux et celles qui disent d’une personne : « elle est autiste »,   synonyme de « elle est renfermée » (contresens total).

 

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