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One Response to “Contact

  • Chères cavalières,
    In extremis je vous envoie cette lettre. Le temps, les mots, la voix, sont toujours in extremis : c’est leur nudité. Pas de fard pour habiller l’attente – sans fard la différence. Pas de meubles pour éduquer l’espace – sans excuse la présence. Et un corps, oui, pour imaginer. Un seuil pour dire la transformation et son dépôt de mémoire – (le théâtre tout entier rassemblé dans ce dépôt sur le vif… « Avant que la pensée n’advienne, il doit d’abord y avoir eu de la condensation, (intensité) poétique. » Nietzsche)
    Oser l’imprévu qui irradie toute relation. Carte de présence jamais simplifiée. Lignes d’erre pour soupeser l’impondérable et ses traces fugitives que toute volonté de retenir efface. Seule la vitalité comme bain révélateur en témoigne. Les phrases de Jeanne, le non-finito de Jeanne comme une façon de se relancer. Accent de Saskia, sa sensibilité acoustique, sa capacité à voir des constructions en mouvement (comme celles que Madeleine dépose pour Denise et que celle-ci ne voit pas). Nora, éducatrice spécialisée suspendue, et sa vulnérabilité qui se plante-là pour faire entendre une autre version des choses où la vulnérabilité est une acuité. La vitesse de Denise, sa patience à sentir les chevaux, l’écart maintenu pour ne pas céder aux méthodes, aux stéréotypes, aux dressages qui estropient toute réciprocité. L’entraînement passe par les singularités, il part d’elles.
    La lumière entre comme des failles ouvertes, des silences où ça bourgeonne, des sentiments abrupts sans décor. À perte… l’immense décision de vivre ! C’est là sa vitesse incalculable, irrattrapable. Se remettre en jeu dans le présent farouche. S’écrire. Correspondances à quatre pour imaginer la suite : son devenir-cheval, son langage bigarré, sa singularité incasable, incopiable, inassignable. Ce n’est pas par la force qu’on arrive au réel, c’est par l’instant. Un tremblement, un débordement qui fausse les prévisions et laisse entrer les distances, les cheminements, les ronflements, la respiration des enfants quand ils dorment, les inquiétudes, l’odeur du ciment, les rires, les soulagements, les exigences, les plannings quantiques à parenthèses multiples, les signes de ponctuation par effraction, les post-it. Habiter le trouble… c’est quand rien ne cède à l’abstraction. Le récit se fait à la volée, il ne croit pas à l’exhaustivité puisqu’il recommence, puisqu’il pense à tort et à travers, avec cette légère bancalité de terrain (qui est aussi le propre de Mado).
    Correspondances, lettres envoyées, reçues, bruit du crayon sur la page. Lettres qui résonnent à contre-courant des réseaux sociaux, à contre-sens des normes de communication où tout doit être lisse, transparent, calibré. Je ne crois plus aux normes… c’est ça le désir, l’intrépidité, l’écriture et ses embardées-cheval. Pas d’étendards pour dire la vie, mais une accentuation des micro-bouleversements intérieurs, des tentatives d’entrer en relation par une construction incertaine, un dessin, une lettre, un geste. Nourrir des amitiés comme lignes de fuite. Et puis, ces accidents de la vie que l’on se coltine – comme un fardeau ou comme une chance de bifurcation ? Lenteur de Madeleine, vitesse de Denise. C’est ce qui fait qu’il y a rencontre.
    Et soudain, c’est visible, le grand chamboulement, ce qui arrive, les paroles dites, l’adresse lancée, la fantaisie impertinente.
    Voilà ce que j’ai vu en vous voyant vivre dans cet appartement sans meuble, mais pas sans livres. Là une table, là une porte, trois tabourets… Voix de Maria Tanase… et peut-être ces vers de Mandelstam pour ne pas terminer…
    « Sur la terre vide, d’une démarche irrégulière et douce
    elle va, clochant malgré elle,
    devançant de peu sa rapide compagne et l’ami plus âgé à peine.
    Ce qui l’entraîne est la légère entrave
    de cette infirmité qui vivifie.
    Et l’on dirait qu’en sa démarche
    est la clef radieuse de l’énigme… »

    Natanaële

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