Les Insoumises

Les Insoumises

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Cycle de trois spectacles :

L’idée d’un cycle intitulé Les Insoumises est née avec Deux ampoules sur cinq, spectacle inaugural qui prend un statut particulier. Les deux autres spectacles sont des créations.

Qui sont ces poètes, écrivains, intellectuelles, ces autres aliénées, comme on disait au XIXe siècle, qui, d’une manière ou d’une autre, résistent ? Ce sont des insoumises. Drôles, originaux, ces esprits libres tentent de dire, d’écrire un monde bouleversé ; à l’extérieur, par une guerre, un régime ou des conventions ; à l’intérieur, par des luttes intimes, par des contradictions. Pour toutes, le geste d’écriture est l’affirmation d’une posture qui se tient sur les bords.

Insoumises à ce que l’Histoire leur impose… Anna Akhmatova et Lydia Tchoukovskaïa le furent.

Insoumise à une façon d’écrire et de penser, c’est Virginia Woolf et son Journal.

Insoumises à la raison, comme ces femmes « simples ».

Insoumises 1 :

Deux ampoules sur cinq

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© Pascal Victor

Librement inspiré de Notes sur Anna Akhmatova de Lydia Tchoukovskaïa

Adaptation et mise en scène Isabelle Lafon
Traduction Bronislava Steinlucht et Isabelle Lafon
Avec Isabelle Lafon et Johanna Korthals Altes

Mon envie actuelle n’est plus de faire un spectacle sur Akhmatova et Tchoukovskaïa mais avec Akhmatova et Tchoukovskaïa. Pour cela, il faut les éclairer et protéger leurs zones de silence, d’obscurité et restituer la clandestinité de leurs entretiens. C’est pourquoi le dispositif consiste à éclairer le spectacle en utilisant des lampes torches. La comédienne Johanna Korthals Altes et moi-même nous éclairons mutuellement avec ces lampes et surtout, l’humour, la profondeur, l’intelligence aiguë de ces deux grandes dames sont éclairés par des spectateurs munis eux aussi de leur lampes torches. Un soir, Anna dit à Lydia : « Mais nous sommes des insoumises, n’est-ce pas ? » Elle donne le « la » du nouveau cycle Les Insoumises. Pour Lydia, noter ces conversations avec Anna était risqué, pour nous qui ne sommes pas dans ce contexte ça ne l’est pas, mais explorons jusqu’où le théâtre peut se risquer.

  • Théâtre La Piscine à Châtenay-Malabry – les 13, 14 et 16 novembre 2014
  • Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis – du 2 au 19 décembre 2014
  • Festival Passages à Metz – les 10 et 11 mai 2015
  • Maison des Métallos à Paris – du 15 au 27 septembre 2015
  • Théâtre national de Toulouse – du 24 novembre au 5 décembre 2015
  • MC2 Grenoble – du 1er au 12 mars 2016
  • Le Quartz, Scène nationale de Brest – les 22 et 25 mars 2016
  • L’Estive, Scène nationale de Foix et de l’Ariège – les 30 mars et 2 avril 2016
  • La Colline, Théâtre national – du 20 septembre au 18 octobre 2016
  • Théâtre La Piscine à Châtenay-Malabry – le 27 novembre 2016
  • Théâtre national de Toulouse – du 13 au 14 janvier 2017
  • Le Lieu Unique – nantes – du 7 au 11 mars 2017
  • Théâtre du Château à Eu – du 13 au 14 mars 2017

Insoumises 2 :

Let me try

D’après le Journal  (1918-1941) de Virginia Woolf

Nouvelle traduction de Micha Venaille.
Avec Isabelle Lafon, Marie Piemontese, Johanna Korthals Altes.

Virginia  Woolf décide ou ne peut faire autrement qu’écrire son journal. Elle le commence en 1915,  il se termine en 1941)

Elle écrit son journal « à l’abri des regards » mais dit vouloir en tirer quelques « pépites » pour en faire un petit livre. Elle dit qu’elle n’y parlera pas de l’âme, « ne dira pas tout ce qui équivaut à se confier ». Et là apparaît tantôt celle qui a le choc d’une lumière sur la colline, tantôt celle qui écrit à la recherche toujours de ce qu’elle peut inventer, tantôt  celle qui fait des  mondanités, tantôt celle qui aime ses amis,  celle qui dit du mal de ses amis, celle qui aime Léonard, celle qui aime Vita, celle  qui pense qu’il « n y a rien de plus sauvage de plus indomptable de plus libre que les   mots… » , celle qui fait des conférences aux femmes , celle qui… celle qui… Exigence extrême, pudeur, descriptions à fleur de peau de personnes, de lumières, interrogations, colère, peur, enthousiasme… Il y a dans ce journal l’idée de se sentir libre, d’essayer sans le cacher, de toucher l’intime sans jamais s’avachir sur ses intimités. Trois femmes sont là devant toutes ces feuilles, ce journal. Qui sont-elles ?  Il ne s’agit pas alors d’un journal à trois voix mais bien de ces trois femmes hantées, attirées, happées par Virginia Woolf.

  • MC2 Grenoble – du 1er au 12 mars 2016
  • Le Quartz, Scène nationale de Brest – les 23 et 25 mars 2016
  • L’Estive, Scène nationale de Foix et de l’Ariège – les 31 mars et 2 avril 2016
  • La Colline, Théâtre national – du 21 septembre au 19 octobre 2016
  • Théâtre La Piscine à Châtenay-Malabry – le 27 novembre 2016
  • Théâtre national de Toulouse – du 10 au 14 janvier 2017

Insoumises 3 :

L’Opoponax 

de Monique Wittig – Editions de Minuit

Avec Isabelle Lafon – batterie : Vassilli Schémann

L’Opoponax commence au premier jour de Catherine Legrand dans une école dirigée par des religieuses à la campagne, elle a environ 5 ans. Le livre se termine alors que Catherine Legrand est interne, adolescente ; elle a grandi, elle doit avoir 14 ans. Rien dans le livre ne dit explicitement quand Catherine Legrand grandit.
On suit cela. On est avec Catherine Legrand comme une caméra pourrait filmer à hauteur de visage la petite fille qui entre dans cette école religieuse et, au fur et à mesure, se rehausserait pour toujours rester à hauteur du visage de l’enfant qui grandit. On est très près de ce qu’elle rencontre, de ce qu’elle voit : la campagne, l’école, les religieuses, les autres enfants.
Le “on” est omniprésent dans le texte comme si ce “on” nous incluait et nous obligeait à entrer dans l’histoire par la langue de l’enfance, par cette langue qui débusque tout à mesure qu’elle le voit. “On” est entraîné avant même de se demander quel âge a Catherine Legrand. En quelle classe est-elle ? On le sait comme secrètement, on le sait par ce qui est vu et décrit par Catherine Legrand. On s’imagine que c’est peut-être nous qui manions la caméra.

“On”, c’est Catherine Legrand, c’est Valérie Borge, c’est Denise Causse, c’est Vincent Parme, c’est Anne-Marie Losserand ou Laurence Bouniol, c’est Madame La Porte (qui a un chignon), c’est Mademoiselle, c’est tout ce monde qui est nommé et qui surgit par le fait même d’être nommé. N’est-ce pas aussi le propre du théâtre que de nommer pour faire apparaître ?

“C’est celui qui dit qui est”, disent les enfants dans la cour de récré et la langue de Monique Wittig procède de cette façon. Dire ce texte, c’est déjà le jouer et se laisser entraîner au triple galop par la langue de l’auteur. C’est une machine de guerre qui vous entraîne, on n’a pas le temps de jouer les personnages évoqués et, si on accepte de la suivre, ça se joue tout seul. Il suffit de la laisser parler, d’en saisir le rythme et, sans se poser la question de l’incarnation, on est Catherine Legrand, on est Mademoiselle face à Catherine Legrand, on est le soleil qui se couche…
Comme dans les cours de récréation où on fait les plus grands, les plus joyeux, les plus violents “voyages” avec un simple morceau de craie, ici ce sera un batteur, un micro, une comédienne. Un récital. La batterie donne le rythme du récit, le provoque pour donner la chance à Catherine Legrand, au paysage, à la campagne, aux événements, d’apparaître et de disparaître. Juste cette utopie.

  • La Colline, Théâtre national – du 22 septembre au 20 octobre 2016
  • Théâtre La Piscine à Châtenay-Malabry – le 27 novembre 2016

6 Responses to “Les Insoumises

  • Bravo chère Isabelle Lafon. Le projet des ampoules (ou des lampes) est très tentant. J’espère y pouvoir venir quand vous l’aurez monté! Et j’espère à bientôt! Très amicalement, JL Comolli.

  • Bien intéressant tout cela!

  • Le journal de Virginia Woolf est peut-être son livre que je préfère.
    Et Martin Eden est un magnifique roman.
    Bravo pour vos projets !

  • Bonsoir,

    J’ai manqué votre spectacle « Deux ampoules sur cinq » à Toulouse, dont on m’a dit grand bien. Le rejoué vous bientôt ailleurs ?
    Je vous remercie.
    cordialement,
    Frédéric Naud

    • Bonjour,

      nous jouerons du 1er au 12 mars à la MC2 de Grenoble, du 22 au 25 au Quartz à Brest et du 30 mars au 2 avril à L’Estive à Foix.

      A bientôt, donc…

  • Bravo pour cette belle prestation et merci de cette heure magnifique

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